Désigné pour accompagner l’administrateur des iles Australes (comprenez le sous-préfet) dans sa tournée
à Rapa, j’ai eu l’opportunité de transiter vers cette petite île de quelques 508 âmes entre le 2 et le 9 septembre…..
Enfin, je suis parti le 2 de
Papeete pour arriver à RAPA le 5 au matin, après 3 heures de vol, une escale
d’une nuit à Raivavae puis une quarantaine d’heure de navigation sur l’Arago….
À bord, nous étions une délégation de 14 personnes des administrations du Pays (Polynésie française) et de l'État (France). Nous pouvions nous échouer sur une ile déserte, nous avions l'ossature pour reconstituer l'Administration dans toute sa dimension.
Rapa, c’est l’île la plus au Sud
de la Polynésie ,
mais j’y reviendrai plus tard….
Première escale de
l’aventure : RAIVAVAE.
Déjà, avant même de te poser, tu
survoles le lagon au camaieu de bleu……comment dire…. Ouahh !!!
C’est ça, c’est une île Ouahh, ou
alors…ouuuhhaaa !!! ça dépend de ton humeur en fait.
Quand tu arrives, c’est le
cérémonial du collier de fleur dans ce mini aéroport où déjà tout le monde se
connaît, se sourie, s’embrasse. 900 personnes sur une terre ceinturée d’une
route de 24 km
avec un petit point culminant à 250m environ, ça crée des liens.
Ici, pas d’hôtel. Direction chez
Linda, la pension la plus proche !! J’y suis accueilli chaleureusement par
John, le maître des lieux qui m’installe pendant que le « boss » de
la mission part faire une visite de station de traitement de l’eau.
Qu’a cela ne tienne, je chausse
mes baskets et part en footing… chercher un réseau téléphonique…
Et là, après quelques pas, ce
n’est pas un voyage dans le temps que tu fais, c’est un voyage dans l’espace.
Car le temps n’existe plus ici. Seul le coucher du soleil te rappelle que
demain est un autre jour.
A Raivavae, tout est beau et
brut,
A Raivavae, ça sent bon et fort
les fleurs,
A Raivavae, les gens qui te
croisent te font des grands signes pour dire bonjour avec le sourire,
A Raivavae tu te rappelles que
t’es qu’un con quand t’as plus de réseau avec ton portable…
A Raivavae le lagon est beau, les
arbres sont beaux, le mec qui court est beau (normal c’est moi !!)
A Raivavae la bière est fraîche,
gratuite et à volonté… (non, ce n’est pas vrai, c’est juste pour re-capter
l’attention des militaires qui lisent le blog).
A Raivavae, tu te demandes :
qu’est ce qu’on est en train de foutre avec le reste de notre planète…. Est-ce
que c’est bien la même planète d’ailleurs…
Bref, après mon petit footing
téléphonico-philosophique, j’ai eu droit au repas à la pension. Évidemment
excellent (faut bien qu’on vous fasse rêver sinon vous n’allez plus lire le
blog) et surprenant. Du poisson fraichement pêché cuit au four avec des pommes
de terres (simple mais diablement efficace), du gratin de legumes :
comprenez par légumes : bananes, taro et du thazar (poisson du Pacifique) en
compagnie de nos hôtes. Petit gateau maison et bananes flambées en dessert, et
on a fait couler avec 2 ou 3 morceaux de yukulélé du fiston qui accompagne les
chants de Linda… en fait, ici c’est un peu « la petite maison dans la
prairie au bord du lagon ». Pas de téléphone, pas d’internet, pas de TV et
de la limonade en apéro…
Voilà la première soirée de la
mission qui s’achèvera par une vue assez époustouflante de la voie lactée.
Allez au dodo !! Demain on
se lève tôt pour aller vomir sur l’ARAGO !!! Hissez haut !!!!
Santiiaannoooo !!!!
Oups… je m’égare…. Y avait trop
de citron dans la limonade….
Le lendemain matin, une petite
cérémonie de remise de médaille m’attend. On va honorer Éléonore Smith de la
médaille de bronze du ministère du tourisme. La tenancière d’une pension qui
officie depuis 40 ans avec un sourire toujours aussi large et qui permet à
l’économie locale d’avancer car il faut comprendre que la structure d’accueil
touristique de l’île repose exclusivement sur 5 pensions.
Cette remise de décoration est
donc aussi l’occasion pour la communauté de se réunir autour d’un bon repas
préparé par les employés municipaux, la famille d’Éléonore ou autres invités.
Les photos parlent d’elles même
puisqu’il s’agit d’une tablée de 30 convives.
La langouste fut un régal !
Si à Raivavae le luxe n’existe
pas, la générosité est partout et le partage et la solidarité semblent
permanents ! Eh oui…
A près ces quelques victuailles,
embarquement sur l’ARAGO.
Aaaaahhhh l’ARAGO !!! Cet
ancien navire océanographique acquis depuis une dizaine d’année par la Marine pour en faire un
patrouilleur… c’est une vraie aventure.
Ce bateau a le mérite unanimement
reconnu de te faire profiter 2 fois de tes repas, et je le confirme !
Servi par 32 personnes, la
plupart sous patch ou cachets (ça rassure, non ?) le bateau a une faculté
extraordinaire et non expliquée d’être sensible au roulis.
Le roulis, c’est donc le
balancier de droite à gauche (babord à tribord pour les puristes).
42 heures de balancier qui se
sont accrus en intensité au long de la traversée ; je ne sais pas combien
ça fait de mouvements, mais je sais combien de repas remis à la disposition de
l’océan ça représente…
Pourtant l’accueil du commandant
de bord et de son équipage était irréprochable et la qualité des repas d’un
très bon niveau. J’aurai au moins gardé le dernier…
Au petit matin du 5 septembre,
nous arrivâmes (si si !) sur Rapa. Un rocher immergé de l’océan, sans
lagon ni cocotier.
Rapa au premier abord, avec le
vent froid et la pluie fine, c’est aussi romantique et beau qu’une mélodie de
RAMSTEIN.
Au second abord…..aussi.
C’est un mélange sauvage de
l’Ecosse, des Vosges avec un climat normand habité par des pêcheurs. La
température peut tomber à 05°C .
Le côté sauvage et retiré fascine
de suite…L’île est en fait un volcan immergé qui culmine à 650 mètres dont un pan s’est effondré et le
centre a été envahi par les eaux.
L’île n’est ravitaillée qu’une
fois tous les 2 mois par une goélette commerciale. Pas de médecin, pas de
pharmacie, juste un dispensaire avec 2 infirmières.
Pas de magasin, une coopérative
pour ce petit monde qui vit en communauté
.
L’île est donc occupée par 7
familles dont les représentants se réunissent au moins une fois par mois pour
régler les questions de vie commune et notamment de partage foncier :
c’est le conseil des sages. Plus clairement,
il n’y a pas de propriétaire à RAPA. Si un couple s’installe, on lui désigne sa
maison ou son emplacement. Si tu pars à la pêche, tu vas pêcher pour toi et la
communauté, etc.
La vie est donc organisée d’une
part par le conseil des sages, d’autre part par la religion (protestant à plus
de 80%, le reliquat est catholique) et accessoirement par le maire,
correspondant officiel de la
République , qui est également un des sages….
Beaucoup de fruits sont produits
sur l’île et en plus de autres fruits traditionnels de Polynésie on y trouve pêches, nectarines ou framboises que l’on ne retrouve pas ailleurs. On y trouve également des bœufs et des chèvres.
Pour en revenir au "séjour",
l’accueil fut tout de même fort chaleureux et sincère. Les gens sont vrais et
ça fait toujours du bien. Les repas se sont succédé à coups de langoustes
énormes… sans commentaires !! Toujours accompagnés de musiciens et servis par les jeunes de l'île, nous avons donc dégustés les viandes et poissons frais locaux préparés spécialement pour nous.
Lors du départ, une cinquantaine de personnes sont venus nous saluer au port, nous souhaiter bon courage (hic) et nous offrir moult colliers de coquillages et chapeaux tressés en roseau. Ça ne laisse pas indifférent. Au 3° abord, ce fut un beau voyage dans une île atypique qui permet encore une fois de se remettre en question sur sa façon de voir le monde et la vie.
Voilà! une fois de plus, il y aurait de nombreuses choses à raconter encore ou à détailler, alors place a quelques photos!!!!
vue des motu (iles) de Raivavae |
quand on vous dit que c'est bleu!! |
vue de la mairie depuis le port |
Accueil à la mairie pour une petite cérémonie (film) |
l'ARAGO, patrouilleur de la Marine nationalen, 60 mètres de long et beaucoup de roulis |
c'est parti pour 42h de vomito.... |
et là, la mer est calme |
Rapa la rugueuse, on pourrait y croiser Conan le barbare |
miam.... la langouste de Rapa |
le centre ville... |
partie de pêche sur l'Arago au retour: 3 beaux thazars... |
et quelques thons... |
et un requin de 2 mètres....oups! ça impressionne, même au bout d'une ligne. Le lendemain, on a également pu apercevoir des baleines... |
Trop beau
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